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Au Mexique, les axolotls, de fascinantes salamandres, placées sous la protection de religieuses dominicaines

L’histoire fait toujours sourire les étrangers de passage, et les habitants de la ville de Patzcuaro, dans l’Etat du Michoacan (nord-ouest du Mexique), aiment la raconter. En plein cœur de leur centre historique et à quelques kilomètres des rives du lac de Patzcuaro, des religieuses dominicaines élèvent d’étranges animaux : des amphibiens mesurant au maximum 30 centimètres, dotés de six branchies qui leur sortent de la tête comme des tentacules, de quatre pattes palmées, d’une nageoire dorsale et d’une queue. Ce sont des axolotls, aussi nommés ajolotes (Ambystoma dumerilii). On ne les trouve dans aucun autre pays au monde.
Ces salamandres, que les Aztèques vénéraient, fascinent toujours au Mexique. Leur capacité de régénérer leurs membres, mais aussi leur système nerveux central, en se maintenant à l’état larvaire alors que les autres amphibiens passent par une phase de métamorphose, reste une énigme pour la science. Des dix-sept espèces endémiques qu’abrite le pays, l’axolotl à la tête aplatie et d’un vert profond n’existe que dans le lac volcanique de Patzcuaro, à 1 900 mètres d’altitude, l’un des plus grands du pays, et berceau de la culture indigène purépecha.
Peu d’habitants ont déjà pénétré dans le monastère des sœurs dominicaines, qui n’en sortent que pour le strict nécessaire, « comme acheter des chaussures ou de nouvelles lunettes », dit sœur Ofelia Morales Francisco, regard malicieux derrière sa petite monture rondes. Mais si tout le monde sait ce qui s’y passe, c’est parce que les écoliers de Patzcuaro, eux, sont régulièrement invités à la suivre en silence dans les escaliers jusqu’à une grande fresque : une peinture naïve représentant au fond le lac et ses pêcheurs, et, au premier plan, les aquariums de l’élevage des religieuses.
Là, sœur Ofelia, elle-même purépecha, leur raconte l’histoire, les légendes et les propriétés médicinales de l’axolotl, qui est en particulier réputé guérir les problèmes respiratoires. Ce lac, où il était pêché, est aujourd’hui lentement saccagé par la dégradation des forêts sur ses rives, le pompage incessant et la pollution de ses eaux, ainsi que par les introductions d’espèces comme les carpes et les tilapias. La population des axolotls dans le lac demeure pour l’instant stable, avec un groupe aujourd’hui estimé à deux cents individus. Mais l’axolotl est entré sur la liste rouge des espèces en danger de l’Union internationale de conservation de la nature en 2015. Douze espèces y sont répertoriées comme menacées : neuf en danger critique d’extinction (dont celle du lac de Patzcuaro) et trois en danger d’extinction. Trois autres font l’objet d’une « préoccupation mineure » et les données sont insuffisantes pour évaluer l’état des trois dernières.
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